Texte de cadrageCette journée d’étude a pour objet d’explorer la notion de transfert de politiques linguistiques d’une zone géographique à une autre, d’un acteur de ces politiques à un autre, dans le contexte de la mondialisation de l’enseignement supérieur. Les universités à travers le monde sont devenues de plus en plus internationales dans les dernières décennies et connaissent un accroissement de la diversité linguistique sur les campus et en cours. En Europe, des organisations supranationales telles que le Conseil de l’Europe et l’Union européenne ont accompagné l’accroissement des échanges transnationaux à l’université par la publication du CECRL, la création du CELV, la mise en place de nombreux programmes et le co-financement d’initiatives de consortia. Non seulement ces politiques ont été établies selon des modalités variées à travers les Etats d’Europe en fonction des politiques et des traditions liées à l’enseignement supérieur, mais l’influence du CECRL s’est aussi étendue bien au-delà de l’Europe, en Amérique mais aussi dans la région Asie-Pacifique, comme l’ont montré Byram & Parmenter (2012). Les politiques linguistiques universitaires résultent de l’interaction de nombreux acteurs. A la suite de Spolsky (2009), on peut citer : étudiants et organisations étudiantes, enseignants, établissements d’enseignement supérieur, armée, justice, collectivités locales et régions, ONG et associations et agences de management linguistique. Au niveau des Etats, les changements dans ces politiques peuvent être impulsés tant par la base que par le sommet, remettant quelque peu en cause la distinction entre politique et pratique. Le transfert de politique linguistique peut donc s’opérer entre deux ou plusieurs acteurs, qu’ils s’agissent d’institutions ou même d’individus « qui peuvent s’approprier ces politiques de façon formelle (par la rédaction de textes de politique) et informelle (au niveau de la classe) de façon créative et inattendue » (Johnson 2013 :55). Lorsque des apprenants ou enseignants s'organisent localement pour promouvoir une ou plusieurs langues, comment ces initiatives rétroagissent-elles sur les politiques institutionnelles? La recherche sur le transfert de politiques a récemment mis à jour l'importance du contexte pour comprendre les processus à l'oeuvre, et également les difficultés conceptuelles qui en découlent. Les acteurs individuels sont souvent eux-mêmes insérés dans des réseaux internationaux (Rappleye et al. 2011). Dans les transferts de politique linguistique entre Etats, organisations et à différents niveaux organisationnels, le facteur humain est primordial (Alderson 2009). Dans la mesure où "les acteurs humains créent les structures" (Rappleye et al. 2011:5), d'autres approches qui permettent d'embrasser les activités des individus et des institutions en se gardant de les opposer peuvent contribuer à conceptualiser le transfert de politiques linguistiques. Les contributions pourront porter sur les thèmes suivants (liste non limitative) : - Approches théoriques du transfert de politiques linguistiques universitaires - Relations entre européanisation, mondialisation et internationalisation de l’espace de l’enseignement supérieur ; dynamique de ces notions - Analyses qualitatives et quantitatives de transferts de politiques linguistiques universitaires - Influence du CECRL et des autres instruments du Conseil de l’Europe sur l’enseignement des langues à l’université dans le monde anglophone - Rôle des individus et des institutions dans le transfert de politiques linguistiques - Impact des politiques linguistiques universitaires sur les autres acteurs de ces politiques - Impact des politiques linguistiques de milieux professionnels (défense, commerce, droit et autres) sur les politiques linguistiques à l’université, en particulier concernant les TICE - Résistance à la mondialisation des politiques linguistiques universitaires dans les pays anglophones et non-anglophones
Les propositions de 400 mots, accompagnés d'une courte bio-bibliographie avec indication de l'affiliation institutionnelle et du courriel, sont à envoyer à univ.lpt@gmail.com Date limite de réception des contributions : 30 juin 2017 Contact : anne.marie.barrault.methy@univ-poitiers.fr
RéférencesAlderson, J.C., ed. 2009. The Politics of Language Education. Individuals and institutions. Bristol, Buffalo, Toronto: Multilingual Matters. Byram, M., Parmenter, L. 2012. The Common European Framework of Reference. The Globalisation of Language Education Policy. Bristol, Buffalo, Toronto: Multilingual Matters. Johnson, D.C. 2013. Language Policy. Basingstoke: Palgrave MacMillan. Rappleye, J., Imoto, Y. and Horiguchi, S. 2011. 'Towards ‘thick description’of educational transfer: understanding a Japanese institution's ‘import’of European language policy'. Comparative Education, 47(4), 411-432. Spolsky, B. 2009. Language Management. Cambridge: Cambridge University Press. |